Réunion de l’Appel des 100 du 3 février à Paris - mes impressions

Par un heureux hasard, j’étais à Paris cette fin de semaine, j’ai donc pu aller à cette réunion.

Cette réunion était précédée par un temps avec les jours heureux avec des interviews de Charlotte Marchandise, Benoît Hamon, et Yannick Jadot. Je n’ai pu y assister.

L’appel des 100

Qu’est ce?

Lancé le 1er mai 2016, l’Appel des 100 « Ensemble, favoriser l’irruption citoyenne pour construire l’alternative » est un appel signé par des universitaires, des artistes, des syndicalistes, des militant-e-s associatif(ve)s et citoyen-ne-s, des élu-e-s et responsables politiques (socialistes, écologistes, communistes, Ensemble, République et socialisme, Front de gauche, …) qui porte une réelle pluralité et lance le débat à gauche.

Il y a eu des réunions un peu partout en France. J’ai participé à celle de Bordeaux.

Ils ont fait un joli travail sur les programmes des candidats pour montrer les convergences possibles. Je crois qu’ils proposent une synthèse.

plus d’info sur leur site : appeldes100.org

des interventions thématiques

La première séquence était une suite d’intervention de militants essentiellement syndicalistes. Ceux ci ont fait un commentaire des programmes des candidats.

Nicolas ??? : syndicaliste américain, il a apporté un éclairage un peu international, Racontant notamment la lutte des employés des fast food pour un salaire décent. Cette lutte “fight fo 15” ayant abouti au doublement du revenu minimum dans certaines villes, de 7$ à 15$. Si son propos était instructif, je n’ai pas trouvé de liens avec le thème de la réunion.

Il y a eu ensuite une syndicaliste du travail social, Nathalie Andrieux Hennequin. Je ne connais pas du tout le travail social. Elle semblait dire que ce thème était trop peu travaillé dans les programmes de chacun.

Sophie Binet a fait une intervention remarquable de clarté sur le temps de travail. Elle a indiqué que le thème faisait consensus chez les candidats en reprécisant la proposition qu’elle défendait par une jolie formule : *baisse du temps de travail dans la semaine avec les 32h, l’année avec une 6eme semaine de congé, et dans la vie avec la retraite à 60 ans. Elle a beaucoup insister sur le fait que réduire le temps de travail servait la cause des femmes.

Françoise Nay, de la coordination de défense des hopitaux, a aborder la santé, évoquant notamment le manque d’intéret pour la démocratie sanitaire des candidats. elle a ensuite listé quelques revendications assez claires ( suppression de la tarification à l’activité, suppression du secteur privé à l’hopital, suppression du numerus clausus, suppression de la liberté d’installation, Maillage territorial en centre pluri disciplinaire)

Jean-Marc Canon a évoqué les services publics. Le discours est plus connu, mais il a rappellé quand même que les fonctionnaires étaient finalement dans des conditions proches du privés: 1 million de non titulaire, gel des rémunérations, sous-effectifs. Il a évoqué le bilan de mandat clairement : le seul pendant lequel il n’y a eu aucune revalorisation du point d’indice. appelant avec la même clarté à ne soutenir d’aucune manière les sortants. de plus, il a eu une jolie formule à propos de l’arrivée éventuelle de la droite : Le pire est possible, mais il n’exonere pas la précédente majorité de son bilan. Son intervention était un peu longue.

Julien Rivoire du collectif 1 million d’emplois climatique a parler de la transition, insistant sur l’existence d’un consensus facile à trouver, et très étayé.

Suzy Rojtman du collectif national pour les droits des femmes a souligné le manque d’intéret des candidats pour la cause féministe. Elle a indiqué que la cause des femmes devait apparaitre de maniere connectée à tous les sujets plutôt que traité spécifiquement. Une bonne part de son intervention a été consacrée à l’IVG, et son actuelle remise en question législative, mais aussi de fait en soulignant qu’avec la disparition des maternités, les centres IVG hébergés par ces maternités disparaissaient aussi. Elle a fini avec une proposition d’action pour le 8 mars.

Temps politicien

des interventions de 5 minutes

Guillaume Balas, soutien de Benoît Hamon commence.
Bon, il est un peu langue de bois… a tel point que je n’ai rien retenu de son intervention.

Alain Coulombel représente EELV dont il est secrétaire national.
L’appel des 100 a eu raison de perséverer. C’est un bon outil pour la situation actuelle. il indique que EELV a toujours été pour le rapprochement entre l’écologie et le social. Il a une tournure de phrase alambiquée à base de maniere, construire, processus, permettre qui semble vouloir dire qu’il veut l’unité. Il indique que EELV considere que l’alliance de 2012 n’a rien produit, et sera donc plus méfiant dorénavant considérant une alliance avec le PS. De manière très claire, il ajoute que le rassemblement ne peut se faire sans la France Insoumise. Pour finir, il évoque la nécéssité d’une majorité parlementaire liée au programme.

mon commentaire : Son intervention a commencée de manière très politicienne, tentant de ne froisser personne. Mais il s’est lancé et a dit des choses tres claires finalement. Il souhaite faire avec la france insoumise aussi.Il a mis un gros coup au PS en disant que les conditions de 2012 ne fonctionneraient pas cette fois, et qu’il allait falloir une proposition crédible pour une majorité parlementaire défendant un programme de gauche. J’ai quand même quelques doutes sur la constance du lien entre EELV et le social (Placé, de Rugy, Cohn Bendit).

Eric Coquerel représente le parti de Gauche, et la France Insoumise
Il a tenu à se justifier qu’il était la avec l’accord de Jean-Luc Mélenchon. Il a indiqué que Benoît Hamon avait clairement dit qu’il irait au bout, et que cela pouvait sembler compliqué. Par ailleurs, le manque de clarté concernant la construction d’une majorité à l’assemblée était un autre gros problème. Je crois qu’il a dit que le PS ne devait pas tenter d’asservir les autres forces, comme il en a l’habitude. Son micro est coupé à 6 minutes.

mon commentaire : Je vais commencer par un petit disclaimer, bien que plutôt insoumis, je n’apprécie pas vraiment Éric. c’est en partie lié à son comportement personnel pendant les régionales, et le rôle qu’il a eu en aquitaine, fin du disclaimer.
Son intervention ne semblait pas préparée. Peut être ne connaissait il pas trop le contexte de l’appel des 100. il a commencé de manière très politicienne embrayant un peu tard. du coup il n’avait clairement pas fini. Il était très sur la défensive. La position de fond est cohérente. La France Insoumise veut bien discuter, encore faut il que les acteurs soient sincères, et on peut légitimement douter concernant le PS.

Pierre Laurent commence par féliciter Hamon d’avoir réussi à amener le travail au centre des débats. Ensuite, il est prudent. Il parle de mener des discussions programatiques entre les forces, et que le reste viendra plus tard si il y a lieu.

mon commentaire : Une position assez classique du PCF. Pas de risques dans les négo, beaucoup de langue de bois. et la fameuse position sur l’accord programmatique. À titre personnel, je suis très critique avec cette position que j’ai déja connue aux municipales en 2014, aux départementales, et aux régionales qui retarde le moment ou on parle du difficile sujet de qui est investi comme candidat, et qui permet finalement rarement de s’accorder sur l’organisation avant et apres l’election produisant souvent de mauvaises campagnes electorales avec de surcroit une ambiance tres tendue en fin de campagne entre les appareils. Ma position est de dire que la discussion sur l’organisation doit être menée avant

Charlotte Marchandise parle d’un projet de société du bien vivre, de l’urgence démocratique qui implique le non cumul et la nécéssité du renouvellement. Elle souligne que ce temps de parole est très masculinElle evoque lerefus de sa légitimité par le système.

mon commentaire : C’était particulierement bienvenu d’avoir une parole de femme, et de citoyenne après ces prises de paroles très politiciennes. Elle a évoqué plein de trucs qui me touchent dans son diagnostic, et elle parle normalement sans cette détestable habitude de faire des phrase à lecture multiple. Pour autant, elle semble rester assez loin de la négociation, ou de propositions pour avancer ensemble. A titre personnel, elle me semble au moins aussi légitime que les autres, c’est dommage qu’elle ne ce soit pas présentées comme cela, et je ne dis pas que cela aurait été facile!

La parole est à la salle

Il y a une petite centaine de personnes dans la salle. Il y a peu de doutes, on est bien dans une réunion politique de gauche usuelle. La moyenne d’age semble élevée, et la population très homogéne.

de manière générale, la salle est bien tendue.

ne sont présentés ici que ma perception des interventions.

Arthur d’EELV commence: il insiste sur la nécéssité de ne pas être narcissique autour de nos différences.

Grégoire signataire de la tribune de basta, dis très bien que l’opportunité est historique, ne nous décevez pas.

Un autre militant d’EELV propose des primaires pour les législatives pour se passer des sortants qui sont à sortir.

Fatima, féministe, souhaite une alternative sociale, démocratique, écologique et féministe, Elle parle d’un alignement de planète dont il faut profiter.

Un militant du collectif de l’appel des 100 du rhone intervient pour souligner la nécéssité du lien avec les législatives

Un militant semblant fort pragmatique souligne que tous les candidats sont pour une 6eme république, il devrait donc être facile d’utiliser les pratiques que nous voulons mettre en place pour désigner les candidats et un accord législatif

Benjamin de la primaire.org , indique qu’il y a une multitude de mouvements citoyens et su’il serait bon de les prendre en compte si il y a un accord. Il propose de tirer le candidat à la présidentielle au sort parmi les 4 présents. Il dit aussi que tout les candidats sont légitimes.

Une militante féministe, antiraciste et décoloniale parle du lien manquant avec les quartiers et relie cette absence avec la composition de la salle

Une militante indique que la situation s’est déja produite en 2005 et qu’à l’époque, on s’était raté dans l’exploitation de cette opportunité

Gérard Filoche met en avant les 11 semaines pour réussir. il parle d’une obligation de résultat et propose une solution à base de répartition de circonscriptions.

Un militant, fondateur d’utopia, parle de l’organisation de la salle et qu’on pourrait faire mieux, de l’éducation populaire pour progresser et parle des convergences qui se produisent déja sur le terrain. Il dit aussi que l’occasion est historique du fait d’une offre de droite completement inéfficace

Deuxieme temps politique

Les temps de parole sont toujours de 5 minutes, et l’ordre est inversé par rapport au premier temps

Charlotte Marchandise formule qu’elle a été désignée par plus de personnes que le candidat EELV et qu’il y a un vrai écart entre les considérations respectives dont ils disposent. Elle évoque la nécéssité que les accord trouvés ici correspondent aux attentes citoyennes. Elle propose d’établir ces accords de manière transparente afin de ne pas les heurter. notamment si on veut réimpliquer les abstentionnistes. Elle est tres claire sur la nécéssité de controle des personnes au pouvoir quelque soit l’accord trouvé. Elle ne lachera pas.

mon commentaire : Une prise de parole dans laquelle on retrouve beaucoup d’évidence qui sont pourtant toujours ignorées des appareils. C’est salutaire d’entendre un candidat parler comme cela.

Pierre Laurent reviens sur sa proposition de parler du fond d’abord apres une tentative sur le theme le PCF est moteur de l’union depuis un an et personne ne voulait l’écouter … Il allume Macron au passage. et conclut en indiquant la disponibilité du PCF

mon commentaire : encore trop de langue de bois. À 22h, c’est trop dur pour moi.

Eric Coquerel est d’accord avec Charlotte Marchandise pour dire qu’il faut se tourner vers les gens. Ceux ci ont dit qu’il faut que la majorité sortante dégage et qu’il faut prendre en compte cette aspiration. Il répète que Hamon doit se positionner par rapport à la majorité parlementaire en illustrant avec les cas El khomry et Valls.

mon commentaire : c’est encore dommage, il aurait pu être plus clair.

Alain Colombel est d’accord avec Coquerel sur le fait que le PS doit faire des efforts. EELV est pret à se faire déborder

mon commentaire une parole claire et radicale qui me va bien

Guillaume Balas parle de la nécéssite de négocier sans poser de préalables avec un précédent historique malheureux. Il ajoute qu’il pourrait en poser du fait des propos de Mélenchon sur la Russie, ou de son abstention sur le rapport de Marie Christine Vergiat au parlement européen.

mon commentaire minable…
Il fait dans le facile en esquivant le sujet posé par Charlotte Marchandise, Éric Coquerel, et Alain Colombel sur la majorité parlementaire. C’était la ou il était attendu.
Son attaque sur Mélenchon n’a rien d’utile. Il ne peut décemment pas mettre au même niveau des désaccords supposés sur la géopolitique et une question organisationnelle aussi importante. À titre personnel, j’aimerai une position claire de sa part sur la russie et le conflit syrien. Il me semble que sur cette question Mélenchon est assez proche de la proposition de l’ONU, et que la critique d’une proposition de solution à un problème sans solution correcte me semble assez facile.
Ce serait bon que Mélenchon explique pourquoi il n’a pas voté ce rapport.

Dernieres interventions

Patrick Viveret parle l’obsession de compétitivité en politique qui complique tout et dont il faudrait sortir. il évoque le “buen vivir”.

Marie-Christine Vergiat conclut que l’alternative est redevenue crédible et c’est grace à Benoît Hamon. Elle dit d’autres trucs après mais je me suis un peu étouffé avec ca.

Mon sentiment à propos de tout cela

Je remercie le collectif de l’appel des 100 qui a organisé tout cela. C’est clairement utile. J’ai quand même quelques regrets. Le plus gros c’est de ne pas de se positionner de manière active dans le débat en faisant pression de maniere explicite sur les acteurs pour qu’ils aient un intéret à faire aboutir les négociations.

Je trouve qu’il y a un petit coté bisounours à dire que tout le monde est gentil et qu’on peut tous s’entendre. c’est un peu illustré par la conclusion de Marie-Christine mettant en avant Hamon sans assurer une contrepartie critique. La sincérité de Hamon reste à démontrer, dans une moindre mesure celle de la France Insoumise aussi.

Les gens du collectif l’appel des 100 semblent avoir une très mauvaise opinion de Jean-Luc Mélenchon et de la France Insoumise. Je n’ai pas trouvé de texte ou serait explicité ce qu’il lui est reproché. Cela avait déja été le cas à Bordeaux en novembre.

La france insoumise a vraiment besoin d’interlocuteur plus représentatif. Éric Coquerel s’écoute beaucoup trop parler pour porter une dynamique citoyenne. C’est une super occasion de manquée, ses questions sont légitimes. Leila revient!

J’ai trouvé beaucoup de marqueur que porte le PG dans la discussion. Je trouve cela frustrant qu’ils n’aient pas failli sur l’approche démocratique repoussant les motivés malgré un bon diagnostic et de bonnes propositions.

Le PS est trop flou pour négotier. Il est nécéssaire qu’il éclaircisse ses positions afin qu’un accord puisse aboutir.

Je ne connaissais pas Guillaume Balas et j’étais curieux et bienveillant. Je n’ai plus envie d’aller plus loin.

EELV a eu une position impécable dans le débat. Il faudra voir si leurs actes sont conformes.

Charlotte Marchandise a amener plein de chose dans le débat. J’ai personnellement des difficultés avec la démarche de laprimaire.org. Mais je suis surpris que leur candidate ait autant de qualité. Reste que le rapport de force est très difficile pour eux.

Pas grand chose à dire sur le PCF.

La France Insoumise semble être la force la mieux préparée de l’histoire. Celle qui est en mesure d’agréger le plus en l’état. J’ai tres envie qu’elle aille plus loin dans sa dynamique d’ouverture mais cela ne semble pas être son chemin beaucoup plus orienté vers l’opérationnel d’une part (pas facile de lui reprocher) et sur la pureté du principe (la on peut débattre).

Je ne suis pas tres optimiste pour la suite. Pour faire l’union, il faudrait que le PS et FI s’entendent. C’est une condition nécéssaire, et c’est loin d’être gagné.

Pour autant, ce serait tout à fait positif que EELV et laprimaire.org trouvent des accord qui conviennet à tous pour s’associer à l’un des gros.

Même dans ces réunions, on parle plus des personnes que des mouvements. C’est toujours choquant. Ce n’est pas important les positions de Benoit Hamon ou de JLM, il faut considérer les positions collectives car c’est bien au collectif de s’associer.

Il manquait le NPA!

c’est dommage que Ensemble! n’ait pas eu de place à la table (lié au départ de Clémentine Autain)

C’est drole d’etre une centaine à une réunion de l’appel des 100. Il y avait beaucoup de gens connus parmi les 100.

Ma position personnelle reste la même : plutôt insoumis, faute de mieux. Espérant sans trop d’illusion qu’un truc cool arrivera.